Jeudi 25 septembre 2025, notre Présidente, Béatrice Vernaudon a accueilli au sein de la grande famille des membres de la Légion d’honneur Madame Annie Tuheiava-Mairau en lui remettant l’insigne de Chevalier.
Annie Tuheiava, c’est une vie dédiée au service des autres et notamment, à la lutte contre le suicide en Polynésie. Née à Maupiti en 1944, dans une famille de huit enfants, elle connaît très tôt l’épreuve de l’éloignement. À cinq ans, ses parents l’envoient avec ses deux frères aînés à Raiatea, chez une tante institutrice, pour qu’ils puissent suivre leur scolarité. Une décision qu’elle aura du mal à digérer au début… Mais elle comprendra plus tard que son papa, planteur de pastèques et sa maman, occupée à élever les enfants, voulaient leur assurer un avenir meilleur.
Sa carrière d’infirmière
Malgré les obstacles, Annie décroche son certificat d’études à 12 ans, puis poursuit au lycée Gauguin à Tahiti, faisant chaque jour à pied le trajet depuis Pirae. À 17 ans, elle réussit le concours d’entrée de l’école d’infirmières et, après avoir assisté à plus de cent accouchements comme le voulait la règle, elle devient infirmière sage-femme, fonctionne d’Etat.
Annie vit alors sa première affectation, à Anaa, aux Tuamotu, puis aux îles Sous-le-Vent – qu’elle connaît bien – avant de revenir à Tahiti. Elle travaille à l’hôpital Vaiami, puis à Mamao, avant de suivre son mari enseignant en France et aux Antilles. De retour au fenua en 1977 avec son petit garçon, elle reprend du service en pédiatrie et à l’hygiène scolaire.
Très vite, son engagement dépasse les murs de l’hôpital. Conseillère municipale de Pirae en 1989, adjointe au maire pendant deux mandats, puis déléguée à la condition féminine, elle participe à la mise en place du Centre d’Information des Droits des Femmes et des Familles (CTIDFF). Elle préside aussi le Groupement de Solidarité des Femmes de Tahiti.
Servir sans contrepartie
Puis, en 2004, elle prend sa retraite. Sa vie dans le milieu associatif débute alors. Formée en tant que leader au sein du club Lion’s Femmes de Papeete, elle s’investit dans des causes aussi diverses que le soutien aux personnes aveugles, sans-abri ou dans l’organisation du Téléthon. Sa rencontre avec le docteur Stéphane Amadéo – et un épisode douloureux de sa vie – la conduit tout naturellement à rejoindre SOS Suicide, dont elle prend la présidence en 2016.
Depuis, elle sillonne écoles, églises et quartiers, multiplie conférences et passages dans les médias, et forme des relais sentinelles capables d’identifier les signaux du désespoir. Son credo : « aider les jeunes à se réconcilier avec leur vie et soutenir les parents dans leur rôle ».
Jeudi soir, en lui remettant la médaille, Béatrice Vernaudon, a rappelé la foi et l’abnégation d’Annie Tuheiava. Le maire de Pirae, Édouard Fritch, a quant à lui salué une vie marquée par les épreuves mais consacrée à tendre la main aux autres.
Dans son havre de paix à Papeari, où elle cultive la terre et prépare des remèdes traditionnels, Annie continue de puiser la force de servir. À 81 ans, cette femme d’exception a accepté de recevoir des mains de Béatrice Vernaudon l’une des plus hautes distinctions de la République.
À travers ce ruban rouge, c’est toute la Polynésie qui dit merci à Annie Tuheiava : pour son courage, son humanité et sa détermination à sauver des vies.



Source : discours de Mme Béatrice Vernaudon